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SOS ! Le bateau Coule





Page retrouvée / PROSCH Magazine No13 / Mai /juin 2002

Dépot Légal 0112402




Ma première fillette aura bientôt (9) neuf ans. Elle est née à Léogâne, et fait la troisième année dans une école de cette même ville. Elle n’a jamais joué sur une place publique, il n’en existe pas dans la cité. J’ai honte, je ne peux pas la regarder dans les yeux. Je regarde autour de moi, un triste décor s ‘offre à mes yeux. Je constate soudain l’état de délabrement dans lequel se trouve notre ville, ma ville, ses rues sont défoncées, il n’existe quasiment pas d’électricité, l’eau potable est absente, la surpopulation bat son plein, la communication téléphonique demeure toujours un luxe, elle n’est accordée qu’à quelques maisons de la ville. Nos jeunes n’ont pratiquement aucun endroit où se rencontrer, pour s’amuser, se cultiver ou s’épanouir, ce qui me donne l’impression que cet état de délabrement physique se retrouve aussi dans leur intellect. On dirait que notre chère Léogâne est livrée à elle-même, j’espère m’être trompé, si non ! ... quel frisson.


Oui ! Je dois pousser le cri de la détresse, j’étouffe anmwe ! anmwe ! ou sont-ils les dignes


fils de la cité ? Ou sont-ils les intellectuels du pays ? Pouquoi se dérobent-ils à leur tâche ? Ne savent-ils pas qu’ils en sont les gardiens et que le rôle d’un gardien c’est de crier quand ça va mal ? De batailler contre la répétition des erreurs tout en fixant de nouveax répaires pour partir vers l’avenir ?


Non, je ne vous donnerai pas raison, vous qui, pour vous donner bonne conscience balaie d’un revers de main votre devoir de citoyen tout en vous cachant derrière des mots tels que : «Plus personne ne peut rien pour le pays, les dieux nous ont abandonnés, le peuple est trop ignorant ... » Eh bien moi, je vous dis que ces genres de réflexions sont les fruits de votre léthargie intellectuelle et qu’à chaque fois qu’on s’exprime de la sorte, on ne fait que descendre rejoindre ceux qui n’ont pas eu votre chance, cette chance rare, celle de passer quatorze ans à l’école et de fréquenter l’université en suite. C’est cette léthargie qui est la cause de nos déboires, c’est encore elle qui donne le feu vert aux actions

abjectes et aux faits les plus exécrables que nous vivons ces temps-ci et on y est tellement habitué, qu’on a le sentiment que plus rien n’étonne.


Jeunesse de mon pays, notre chère cité est entrain de sombrer, elle est menacée dans son existence la plus intime. Secouez-vous, réveillez-vous, sortez de votre torpeur, plus que jamais notre mère Léogâne a besoin de ses fils, réunissons nous vite en faisceau pour prendre sa destinée en main sinon, comme moi, un jour vous aurez du mal a soutenir les regards de vos enfants.

Edgard Bommier

Depuis Léogâne


Que son âme repose en paix


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