Le rara, phénomène culturel,est en train de vivre une situation jamais connue auparavant à Leogane .En effet ,la
période pascale , moment utilisé par la société haïtienne plus particulièrement les"sambas" pour critiquer ou dénoncer les
mauvaises pratiques,tant au niveau politique, social, économique que culturel a subi un tournant spectaculaire dans le comportement des porteurs de messages du rara . Cet état de fait est -il un gain ou une perte pour le rara ? Historiquement le rara était un mouvement initié par les esclaves pour exprimer leur désaccord par rapport au système établi par les colons et qui ramassait l'ensemble de leurs revendications mais aussi leurs griefs vis -à-vis de leurs compagnons d’infortunes affichant des comportements immoraux . Tenant compte de tous ces facteurs, nous pouvons admettre que le rara sanctionnait toutes les tares de la société. Situation sociale et économique. Considerant les rapports émis par la banque mondiale,les familles haïtiennes vivent avec moins de $200 us l'an et nos politiciens construisent souvent leur capital social sur la situation économique précaire du peuple haïtien ,ce que le rara “Tirailleurs de la garde" avait dénoncé dans sa fameuse chanson intitulée"Priye pou Ayiti" Situation politique Par définition la politique est l'art de bien gérer la cité , si cette assertion est applicable dans d'autres pays, pour Haïti c'est tout à fait le contraire puisque après tant de gouvernements et de legislations qu’a connus Haïti , la situation ne cesse de s'aggraver, parce que nous sommes arrivés à un point où l'on ne vote plus des programmes mais des slogans . Cette anormalité nous a permis d'avoir des prêtres ,des musiciens ,des policiers ,des gens soupçonnés de malversations dans les sphères du pouvoir; pour dénoncer ces dérives le rara “La fleur de Rose" avait écrit "L’homme qu'il faut à la place qu'il faut" Situation culturelle Le rara ,phénomène essentiellement culturel qui retrace tous les éléments qui identifient l'Haïtien dans toute son essence permettait de reconnaître la valeur des habitants des 13 sections communales de Léogane et le quartier de Trouin dans leur mode de vie .La présence de plus d’une trentaine de band es nous permet de determiner leur niveau spirituel, économique et leur symbolisme à travers leurs “demanbre “ mais aussi les effigies de leur drapeaux et leurs logos : "Chacha sans rancune est representé par un bateau,"Mande granmoun"un vieillard avec une pipe,”Ste Thérèse “ par une Sainte de l'église catholique, Brillante par le soleil ect... Cependat ,de nos jours au lieu de mettre en valeur tous ces aspects,ces traditions tendent à faire place à la grivoiserie et à l’étalage de richesse comme au Carnaval .Les bourreaux sont érigés en "papa bon kè" et au lieu de fustiger les jeunes qui ont une certaine déviance ,on les fait passer pour des vedettes ,des exemples à suivre ,au lieu de défendre le rara on défend les " banbochè" ,au lieu d'encourager les "KAV" qui permettent aux raras de fraterniser entre eux ,le focus est mis sur le défilé du Dimanche Pâques pour la séparation de la pitance jeté par l'état central comme miette à la mairie .De plus ,certains deviants en attisant les conflits entre bandes deviennent du coup des meneurs et ce sont eux qui décident .Donc le rara est dirigé par sa foule au lieu d’être mené par les sages du village pour la prévention et la résolution des conflits . L’agonie du Rara de Leogane pourra -t-elle être renversée par les jeunes formés et dotés de moralité et les adultes responsables de cette commune ?Nous le souhaitons vivement afin que ce phénomène culturel soit porteur de richesse et de developpement au lieu d’être une arène de campagne électorale et de semaille en terre aride .
Ulysse Renois
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