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Garry Conille, le médecin sera -t -il au chevet de la médecine Haïtienne?

Récemment, un ami de Facebook annonçait en grande pompe sur sa page, la Renaissance prochaine de Port-au-Prince avec l'arrivée du Dr Conille à la Primature de l'Etat pour une seconde fois.


Je n'ai pas vécu son premier passage à la primature pour avoir été en dehors du pays, cependant ma réaction, face à son optimisme anticipé, a été plutôt très réaliste.

En effet, je lui ai fait savoir qu'il fallait attendre les premiers signaux envoyés par le chef du gouvernement avant de pronostiquer sur l'avenir du pays en général, et de Port-au-Prince en particulier.


Oui, il faudra le juger à l'aune des décisions qu'il aura prises en faveur de chaque secteur de la vie nationale qui a été si durement éprouvé par cette crise infernale digne d’un film d’horreur .

Arrêtons-nous uniquement aux tribulations qu'a connues le secteur sanitaire haitien dont j'ai le privilège d'être partie prenante, et l'on se rendra compte que cet échantillon est transposable aux autres secteurs à quelques exceptions près en raison de sa transversalité.

En effet la corporation médicale représente l'un des secteurs les plus durement touchés par la violence et l'insécurité qui font désormais partie du quotidien haitien depuis plus de trois ans. Les membres de cette corporation ont été la cible privilégiée d'hommes armés qui les ont fait connaître des péripéties de toutes sortes allant des enlèvements aux assassinats en passant par le vol de leurs propriétés et j'en passe.


Comme conséquence de tout cela, on assiste à une fuite de ces cerveaux qui sont obligés de sauver leur peau en quittant sans planification aucune le pays vers une destination sereine mais non sans   humiliation et amertume.

Cette situation d'insécurité a ainsi favorisé la fermeture de plusieurs institutions sanitaires dont récemment l'HUEH qui représente la référence en matière de soins de santé et de formation médicale.

Paradoxalement aux fermetures de nos institutions sanitaires, les cas de plaies par balles, d'accidents de la route, de pathologies cardio-vasculaires sont en hausse.


Qui plus est, la fermeture de nos ports et l'inaccessibilité de certaines zones de la capitale font que des médicaments essentiels à la survie de certains patients ne soient pas disponibles dans les comptoirs des pharmacies.

En clair, le système de santé haitien s'est effondré quand on sait qu'en dépit des efforts de decentralisation des services de soins, Port-au-Prince reste un passage obligé et incontournable.

Le Premier Ministre a donc la délicate tâche de faire rétablir la confiance dans le secteur médical en faisant régner la sécurité sur toute l'étendue du territoire haitien afin que nos cadres reviennent travailler à l'avancement du système.


Garry Conille avec qui nous avions pratiqué l’obstetrique gynécologie à la Maternité Isaie Jeanty (Chancerelles )dans les années 95 et 96, était naturellement un homme de conviction qui compatissait à la douleur des autres et qui ne saurait changer un bon matin. "Chassez le naturel, dit-on, il revient au galop."

Garry Conille a toujours fait montre de diligence quand il revient de sauver la vie d'une patiente au point de mettre sa propre vie à risque.

Oui, un soir de garde comme Résident 1, il a failli laisser sa peau à hauteur de l'USIS, alors qu'il avait pris la route, lui et le Résident 3 de garde, qui n'est malheureusement plus de ce monde, à la recherche d'un médecin de service qui s'y était absenté et qui devrait répondre à une complication d'une patiente durant son accouchement.

En dépit de l'heure avancée, après onze heures PM, Dr Conille n'avait pensé qu'au bien-être  de la patiente en dépit du fait que pour le décourager à braver la route à cette heure indue, vu que le cas pouvait attendre, je lui ai même demandé de laisser un testament avant de partir. Mes paroles l'avaient secoué, faisant immédiatement référence à ses deux filles, mais il est quand même parti pour se voir dépouiller de ses biens et du véhicule conduit par le Résident supérieur. Ils sont retournés bredouilles et traumatisés juste en voulant voler au secours d'une malade.

C'est cette même volonté qu'on attend d'un homme qui a l'occasion à nouveau de servir son pays .


Nous ne voulons plus entendre:

1-  que des médecins soient enlevés dans leurs cabinets médicaux,

2- que des hôpitaux soient vandalisés, pillés ou incendiés

3- que des médecins soient arrêtés menottés puis conduits et interrogés pendant plus de 12 heures à la DCPJ parce qu'ils travaillent dans des zones déclarées rouges.

4- que des médecins soient toujours portés disparus plusieurs mois après leur enlèvement.

5- que les médecins haitiens soient les moins rémunérés dans la zone.

6- que la Faculté de Medecine et de Pharmacie soit fermée...

Ce sont en quelque sorte ces signaux clairs que nous attendons d'un homme qui, avant d'être un Internationaliste, a ses racines bien ancrées dans la terre léguée à nous par nos ancêtres au prix de sang et de souffrances.


     Dr Emmanuel Louis charles    

         OBGN /TELE SANTE

Crédit photo : Dr Rodolphe Gilles


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